Pour permettre à tous les élèves d’apprendre à penser par eux-mêmes sur des sujets réputés complexes, sans se limiter à l’année de Terminale.
« On n’apprend pas la philosophie, on apprend à philosopher » KANT.
La philosophie développe le sens critique, déconstruit les préjugés et ouvre à la réflexion sur le monde, les hommes et leurs rapports. La philosophie décloisonne les apprentissages et peut y redonner goût en décomplexant et en désinhibant des élèves fâchés avec le domaine du scolaire. Faire de la philosophie peut changer le rapport au savoir comme le souligne Marie-France Daniel dans sa préface à Des enfants qui philosophent [1] de Pierre Laurendeau :
« Dans notre culture, il semble que nous ayons trop tendance à considérer comme intelligente la personne qui donne la bonne réponse, en négligeant celle qui pose des questions pertinentes.»
Force est de reconnaître que les thèmes, dits philosophiques, tels que la beauté, l’amour, l’amitié, les rapports de force, les apparences, loin d’être réservés au programme de philosophie du Baccalauréat, font partie des questionnements communs aux enfants et aux grandes personnes, les reliant ainsi entre eux. D’où l’intérêt de l’approche philosophique qui, comme le souligne Michel Tozzi, permet de « (…) penser ce qu’on dit, ses présupposés et conséquences, au lieu de se contenter de dire ce que l’on pense, c’est-à-dire ce que l’on a dans la tête. »[2]
L’atelier philo avec une classe entière ne peut pas être le même que dans le cadre extrascolaire avec des volontaires. Aussi, le cadre n’est-il pas exactement celui de l’atelier de philosophie de l’AGSAS où l’animateur est en retrait du cercle de jeunes chercheurs, qui s’expriment pendant 10 minutes entre eux.
Il y a la volonté d’inclure l’adulte référent de l’établissement (professeur, CPE ou autre) dans l’atelier : il est donc assis en face de l’animatrice, tels deux pôles contenants du cercle, et peut prendre la parole au même titre que ses élèves.
L’animatrice joue un rôle de médiation entre les différents points de vue, et cherche à dépasser les contradictions dans un mouvement dialectique. Non pas effacer les différences, mais au contraire les valoriser pour que la synthèse reflète la complexité de la pensée collective produite.
Il ne s’agit pas durant ces ateliers philo de mener les participants vers l’abstraction mais vers la coopération et le plaisir de réfléchir.
[1] Pierre Laurendeau, Des enfants qui philosophent, édition Logiques, Montréal, 1993, p.20.
[2] « Les pratiques de discussion à visée philosophique à l’école primaire et au collège : enjeux et spécificités ». Actes de colloque inter-académique, « Des expériences de débat à l’école et au collège : discussion à visée philosophique ou pensée réflexive ? », 2003, Balaruc, Académie de Montpellier.